Peltex n°8 lettre Z comme zombies (by D.L)
dessin de Bruno Richard dans Peltex n°8 lettre Z, spécial Zombies 2011
Peltex N°8 est en chantier depuis 1988, ça doit être une sorte de record. En tout cas pour un graphzine.
Initialement, la lettre Z était réservée à Zaza. Mais Zaza ne dessine
plus.
Alors, j’ai contacté les « anciens » de Peltex, ceux que j’apprécie le plus, pour ce qu’ils font et pour ce qu’ils sont : Antoine Bernhart, oldschool dandy rock strasbourgeois pour qui le mort-vivant est un costume qui va de soi, Bruno Richard qui dessine depuis toujours avec du sang (entre autre) de sorcier vaudou, Françoise Duvivier, déjà morte au moins une fois et qui ne s’en lasse pas, Dominique Leblanc qui bat la campagne…
Et puis Ewa Bathelier, qui sait faire d’une simple robe de forts jolis
fantômes de danseuses assassinées…
Donc, Z comme Zombie, ou série Z. Il y avait aussi Zorro, mais le thème est moins consensuel dans l’underground. Zizi aurait plu sans doute, mais je n’avais pas envie de petits dessins « rigolos ». Ni même de zombis « rigolos ».
Oui, j’y viens : pourquoi « zombie » ?
Le mort-vivant interpelle bien,
les no man’s lands ont leurs charmes pourris, l’exquise beauté des cadavres,
c’est une vieille histoire. Je vous la raconterais bien, mais pas la place, ni
vraiment l’envie d’ailleurs..
Il faudrait alors remonter aux totentanz, faire une pause du côté de Grünewald et de Goya, humer la charogne de Baudelaire, redire que le meilleur film de mort-vivants, c’est la nuit éponyme de Romero, disserter sur Spilliaert et Ensor, convoquer St-Saens, mais vous savez déjà tout cela. Ce serait ennuyeux, alors que justement, les zombis sont tout sauf générateurs d’ennui. On les aime pour ça.
- « Garçon, un écorché pas trop frais, s’il vous plait ! La bière viendra après. »
C’est l’avantage de l’horreur sur
la mélancolie : ça dure moins longtemps, et c’est plus intense. Courez,
courez, votre cauchemar préféré vous rattrapera lentement, très lentement…
Pas si lentement que ça, en fait.
Mais un dessin, une peinture, ça ne peut pas être
horrible. Je veux dire, volontairement. Un film, oui, une musique, à la
rigueur, la « réalité » souvent. Ne jamais oublier les guillemets en
écrivant « réalité ».
Il faut de la beauté plastique même et surtout
dans un thème comme celui-là : un bras désarticulé, c’est un dérangement
de l’ordre des choses, et ça c’est la fonction de l’art. Déranger les pensées,
inverser les circuits, disjoncter parfois…
Dans le vivant, c’est souvent le mort qui m’intéresse. Et vice-versa.
La
frontière est parfois floue. Le squelette est un prêt-à-porter jamais loin, le
mort-vivant un crocodile à l’affût à la surface de l’âme. Une possibilité
aussi. Je le soupçonne dans les hôpitaux, dans les maisons de retraites plus
que dans les cimetières de Louisiane. Je le croise parfois dans la ville, le
devine dans ma mémoire, le redoute dans les miroirs.
Mais c’est de la littérature, ça. Place aux images !
A oui, j’oubliais : cette lettre a été tirée
dans un premier temps à cent exemplaires numérotés.
Si nécessaire, il y aura un deuxième tirage, pas
numéroté. Et ce sera tout.
Vous pouvez contacter Model-Peltex à l’adresse http://modelpeltex.free.fr/ ou par
courrier au 3 rue de Wissembourg, 67000 Strasbourg. France.
On a besoin de rien, les chevalets n’ont pas de poches. Mais je suppose que vous pouvez quand même acheter d’autres lettres de ce numéro 8, et certains dessins originaux.
Canbell, pour Model-Peltex. Juin 2011
Couverture (Dominique Leblanc)
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