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TELE AU ROYAUME DES OMBRES - les humanoïdes associés, 1983 (by N.C)

25 mai 2020, Aucun commentaire



TELE AU ROYAUME DES OMBRES - les humanoïdes associés, 1983


L'album de la seule dessinatrice du collectif Bazooka, Olivia Clavel, est devenu rapidement un classique de l'underground graphique. Sorti en 1983 à 5000 exemplaires, distribué dans toute la France et probablement la Belgique mais sûrement pas le Koweit, acheté par tout ce que le pays comptait de jeunes plasticiens et bozartistes de l'époque, l'objet ressemble à un album de bandes dessinées. Jusqu'à la page 8.
Ensuite, faut s'accrocher.
Accrochons-nous.
Le héros de l'histoire - comme son nom l'indique - est une télévision humanoïde fan d'Hergé (des indices subtils sont subtilement déposés dans les cases 1 et 3). Cette tête d'écran (un écran plat, très en avance pour l'époque) parle, dort, fume, on ne sait pas trop par où. C'est en réalité un être humain, doté d'un masque. On comprend qu'il s'agit de l'auteur elle-même.
La silhouette est cependant masculine, habillée façon groupe electro-pop (genre Marquis de Sade ?). Si je prends mon "dictionnaire du look" (Ed.Robert Laffont 2011), il pourrait s'agir du style "butch" : "figure classique de la communauté LGBT, la butch n'est autre que la garçonne de l'entre-deux-guerres, la jules des années 70" (je cite). Comme Gertrude Stein, donc.

Mais ce héros satellisé a lui-même une doublure - son ombre, oui comme dans Lucky Luke sauf que cette ombre-là parle beaucoup.

A un moment, Olivia-Télé-Jo et son sombre double sortent dans les rues vides de Paris; elle pense "je marchais pour la première fois de ma vie dans des rues vides", et rencontre des dinosaures (un peu caoutchouteux, on est pas dans Rahan) qui font "bom bom bom" et à l'occasion citent Jean Genet.

Alors oui, il y a des cases, et même des marges entre (assez maigres), on est en noir et blanc comme dans Tintin en Russie. Dans les cases, il y a des textes, et presque pas de fautes d'orthographe.

C'est une bd mais quand même assez hallucinogène, Olivia n'est pas connue pour son goût de la camomille. En conséquence la lisibilité est assez relative, mais ce n'est pas l'objectif recherché.
Reprenons : Télé + ombre de Télé rencontrent une autre ombre esseulée, il y a un truc comme ça dans Peter Pan, et lui court après car l'ombre est bien roulée.
Elles se retrouvent vite fait à St-Denis et là, normal, "on" lui colle un couteau sous le nez, les banlieues ne comprenaient déjà rien à l'art moderne en 1983.
"On", c'est une "camionneuse" culturiste et sa bande survitaminée.

Vous pourriez penser qu'une camionneuse est une femme qui conduit un camion, mais grave erreur : une camionneuse est "une femme considérée comme lesbienne" m'apprend le dico d'internet. Éventuellement une camionneuse lesbienne peut conduire un camion, mais là ca devient trop chaud.
Bref. Télé est défiée par la chef de la bande. Télé est super costaude (dans sa tête surtout) elle va gagner, mais une musculeuse sexy l'assomme par derrière, pff que c'est petit.

Ayant fait ses preuves, Joe est adopté par le gang mais c'est alors qu'une autre joyeuse troupe féminine, les "Gracieuses" attaque les camionneuses.
Vous suivez ? Ca m'étonne, mais admettons. Je suppose que vous avez l'album sous les yeux, sinon vous devriez.

Ca défouraille de partout, mais personne ne meurt, pas de ça dans l'univers d'Olivia, on s'envoie des mots doux cruels pendant qu'un ankylosaure inverti cite Marcel Proust qui l'était aussi; puis Télé se fait assommé par un clone graphique de Dora Maar dans Picasso, le vrai.
La voilà prise et ligotée, mais l'ombre tendre déjà rencontrée vient lui susurrer à l'oreille qu'elle appartient à une prisonnière enfermée ! Le suspens devient insoutenable, vite, la page 22 !


Page 22, Télé-Houdini s'est libérée, un océan a envahi Paris et elle s'enfuit avec ses copains du Jurassic, poursuivie par les camionneuses et les Gracieuses qui, entre temps, sont devenues les Précieuses. Tout cela l'amène jusqu'en banlieue, ça tombe bien c'est jour de marché, on est toujours sous l'eau, ça ne se voit pas mais c'est pas grave, on est pas chez Nemo, c'est ripaille, les épiciers vendent les livres de Marcel Proust.

MAIS voilà qu'une bande apparentée sandiniste et appelée "les Rockeuses" s'invite dans l'histoire, c'est la quatrième troupe qui entre en scène, je ne sais plus très bien qui est qui. Manque plus que la bande punk, Olivia Clavel étant censée être une égérie du "punk français", ce sera sans doute pour le tome suivant. Et Télé, pas douée décidément en close-combat, se fait une fois de plus capturée et traitée ignoblement de "meuf de salon". Sais pas ce que c'est ça doit être une variété de pékinois.

Elle est bien sûr défiée par la chef de rayon, c'était déjà la mode. On s'échange quelques mots doux genre "lâche moi la motte", il y a des combats un peu polochon, et Télé se retrouve embarquée en Vespa avec ses nouvelles copines.

Séquence troublante : la réalité vraie s'invite dans ce monde jusque là clairement fantasmé, sous les traits de Garance, petite soeur d'Olivia (Garance Clavel, l'actrice)
Télé-Bond frime pour épater Garance, elle transforme vite fait le scooter en avion et lui présente la fée du logis, qui contrairement à ce que l'on pourrait croire ne ressemble à rien. Ou à un poulpe à la rigueur.

Il y a des carreaux noirs et blancs partout, et je me mets du collyre dans l'oeil pour la 3 ème fois.


La fée révèle à Télé des choses profondes et vraies, mais surtout l'ombre parle par la bouche de la fée, l'ombre de la prisonnière souvenez-vous. Cette ombre, qui est de plus en plus sexy ne laisse pas indifférent(e) Télé, ça se voit mais passons, il y a l'innocente Garance dans la case d'à côté.
Télé, chef de meute, s'en va à la guerre au royaume des ombres, Garance retourne chez les rockeuses en posant à Télé cette question fondamentale : "sommes-nous envahies ou avons-nous envahi nos ennemies, dis ?"

On ne le saura jamais, car la trêve entre les divers partis LGBT de l'album est signée, la joyeuse troupe se retrouve à un concert d'une certaine Elli (une chanteuse à la mode à Paris en 83).
A ce moment-là, une "tempête de temps" vient brouiller l'image du pauvre Joe Télé, qui en devient tout abstrait, mais il/elle retrouve heureusement ses esprits et son ombre.

La dessinatrice se rappelle soudain que Télél est toujours sous l'eau, il remonte à la nage et se retrouve au Royaume Interdit, celui des ombres qui font de la philosophie.
Là, je songe mélancoliquement qu'un doliprane pourrait m'aider à terminer cette chronique...

Parce qu'en fait, ce Royaume Interdit n'est pas encore le bon endroit : la jolie prisonnière ne s'y trouve pas, elle réside en fait dans un pays au doux nom de "studio-inconnu" !
Olivia/Télé craque, on la comprend, elle se met comme tous les gens qui craquent à creuser le mur, lequel se transforme en une fille nue, ouf c'est sa copine idéale, les murs ont la parole.
Les deux créatures iconiques sont alors bannies pour toujours du Royaume des Ombres, qui ne sont que des images on l'a compris, et Télé se rend compte qu'elle va devoir vivre avec son ombre jusqu'à sa mort. Ca arrive.

Ca aurait pu faire un film, cette histoire.



Nympha Stumeadiana Stu Mead (by N.C)

1 avril 2020, Aucun commentaire


Sortie : Nympha Stumeadiana Stu Mead - 150 exemplaires signés - 25 euros, commandable en ligne ici : https://galerie-e2.org/nymphea-stumeadiana/

      Le texte étant écrit par ma copine, la délicieuse Déline Luca, et même si c'était la seule raison, je vous invite à le commander avant que les milices du Bien n'aient l'idée d'en interdire la vente, on ne sait jamais par les temps qui courent.
Stea Mead, donc. Dans le monde des graphzines, il y a quelques marginaux. Des gens classés là-dedans sans doute parce que l'on ne sait pas trop où les mettre ailleurs, et qu'ils sont souvent passés par l'auto-édition, ou l'édition que par commodité l'on disait parfois underground. Quand il y avait encore du ground. Des maisons d'édition comme l'excellente et très vivante association marseillaise Le Dernier Cri, par exemple.
Stu Mead fait partie de ces artistes de la marge, pour ne pas dire des oubliettes, et risque d'y rester encore un certain temps. Ce peintre américain (mais qui vit en Allemagne) doit une partie de sa réputation (sulfureuse) au choix de ses sujets : des nymphettes dans des situations absolument pas équivoques avec des messieurs lubriques tellement âgés qu'ils en oublient souvent de fermer leur braguette. De quoi faire passer Balthus pour Père Castor. Le style est proche de l'illustration, mais je n'ai jamais vu un dessin du maître en vrai (Stu, si tu me lis, je suis une innocente nymphette en couettes, tu me donnes un zoli dessin en échange de mes Monster High ?) et l'on me dit que c'est plus plastique que ça n'en a l'air à première vue...

Ti5DUR chez l'APAAR (1986) (by D.L)

21 mars 2020, Aucun commentaire


Il y a bien longtemps, en juin 1986, le Bazooka Philippe Bailly (qui signait Ti5Dur) fit publier dans un petit opuscule de 15 x 10 cm une bonne vingtaine de ses dessins en noir et blanc , accompagné d'un texte un peu redondant sur la putréfaction des zizis après leur mort (je résume).
Un graphzine, donc, édité par L'APAAR. J'ai hérité du numéro 71 sur 150, dans une version signée par l'artiste qui ne devait déjà plus aller très bien au vu de l'écriture hésitante. Dédicacée à un nommé Kelek, chais pas qui c'est. Oui c'est très rare, oui, ça vaut très cher quand on le trouve, mais ce n'est pas le propos.
Je voudrais dire ici que ce graphzine est raté : la taille minuscule des dessins n'est absolument pas adaptée à la richesse foisonnante de Ti5Dur, les gris ont disparus, ou plutôt n'ont pas été pris en compte (pas de tramage par exemple). Ce n'est pas la faute de L'APAAR, l'éditeur ne pouvait pas savoir que ce serait la seule édition monographique d'un artiste prometteur et il a fait ce qu'il pouvait avec ses moyens de l'époque. Mais aujourd'hui, pourquoi ne pas tenter une réédition améliorée ? Plus grande ? Où est la maquette, où sont les originaux à re-photographier ?
En rassemblant l'ensemble des dessins et des peintures qui doivent forcément traîner à droite et à gauche, en insistant lourdement auprès de l'artiste lui-même (qui vit à Rouen) il est bien certain qu'un critique d'art passionné (Seisser, Neret ??) pourrait, devrait produire une nouvelle monographie qui rendrait enfin compte de l'excellence de cet artiste majeur qui va finir par être complètement oublié...

ARTISTES RONDS, ARTISTES CARRES (by N.C)

8 mars 2020, Aucun commentaire


  1.     






Nadia Canbell
(De gauche à droite, Jacques Pyon, Bruno Richard dans Peltex n°5)


Dans le graphisme underground, qui va de la BD de marge à la périphérie des arts plastiques en passant par une certaine illustration semi-clandestine, il y a, pour faire simple, les artistes ronds et les artistes anguleux.
Kiki Christian Chapiron est un artiste anguleux, Olivia Clavel une artiste ronde, Zaza aussi. Krabs, Bruno Richard, Pakito Bolino, Dominique Leblanc, Christophe Meyer & Meyer family, anguleux. Stéphane Blanquet, Pyon sont ronds...de même que Pascal Doury, qui fût le roi des ronds en son temps. Loulou Picasso a des tendances rondes, mais fait des efforts pour rester d'équerre, tout comme Philippe Lagautrière.
D'anciens ronds sont devenus anguleux, qui redeviennent ronds (Antoine Bernhart, P.H.Pascal Henri Poirot). Les femmes sont-elles plus rondes ? Probablement, mais une étude statistique plus fine devra être menée...
Bien sûr, il y a aussi les inclassables, et bien sûr, il y a vous !
(Je parlais de graphismes, au fait, j'espère qu'il n'y a pas eu d'ambiguïtés !)

A Model-Peltex, on est plutôt portés sur l'angle, mais comme on est très tolérants envers les gens différents, il est arrivé que des courbes soient admises dans nos pages 😁😁😁😁

FANTASTIC PLOTTE! (by D.L)

9 févr. 2020, Aucun commentaire
Peltex n°8 lettre H comme Julie Doucet - 1991 Couverture originale de Julie Doucet. Edition Model-Peltex copyright

A Strasbourg, nous avons deux grandes librairies, la Fnac et Kléber, endroits plaisants où je vagabonde souvent, et quelques "moyennes", dont la librairie Quai Des Brumes. Librairie très orientée nouvelles tendances de la nouvelle sociologie (luttes diverses & plus ou moins fumeuses), avec un rayon art pas très grand mais qui présente à l'occasion des ouvrages que l'on ne retrouvent pas ailleurs.
C'est aussi dans cette librairie que se niche le seul espace un tant soit peu "alternatif" de Strasbourg, avec quelques fanzines généralement axés BD. Du très moyen, hélas, ce n'est pas la version locale des Yeux Fertiles...
Et donc, une apparition quasi extraterrestre hier, Fantastic PLotte ! une compilation des bandes dessinées de Julie Doucet parues dans son fanzine de l'époque, Dirty Plotte.

Un seul exemplaire, n'y allez pas je l'ai pris.
En fait, l'ouvrage, dodu, est paru en 2013 au Québec mais a mis 6 ans pour atteindre Strasbourg. On doit pouvoir le trouver par correspondance aux Editions L'Oie de Cravan.

Pourquoi j'en parle ? Parce que l'on y retrouve l'intégralité de la BD "My conscience is bugging me", parue en 1991 dans Peltex n°8 lettre H - en français - sous le titre "je n'ai pas la conscience tranquille". Deux-cents exemplaires, dont un déposé à la Bibliothèque Nationale. Pourtant, la page d'introduction indique que la première édition en français de cet auteur aurait été faite par l'Association dans le recueil Ciboire de Crisse...en 1996, soit 5 ans plus tard !
ET donc, tout le monde s'en fiche, mais je tenais à rectifier cette injustice d'autant plus vexante que la page d'introduction en question a du être écrite par Julie herself, et que ça donne un peu l'impression d'avoir été snobé, ou au mieux oublié.
Cela dit, je ne lui en veux pas vraiment, d'autant que deux magnifiques dessins qui figurent dans le livre sont depuis des années au mur de mon atelier, et que bien peu de dessinateurs ont pensé à nous faire ce genre de cadeaux à l'époque où model-Peltex se décarcassait pour tenter de les faire connaître.



PELTEX N°11 "J'ai pris la poussière dans le grenier de ma tête" (by A.H)

5 déc. 2019, Aucun commentaire
                             (Texte repris de la revue Tabula Rasa de juin 2015)

Sur le front des graphzines, PELTEX n°11 "j'ai pris la poussière dans le grenier de ma tête et j'en ai fait une galette".

      Après le succès très relatif du graphzine Peltex n°10 (50 exemplaires vendus), la maison phare de l'édition graphique underground publie ce mois-ci Peltex n°11.
Fruit de la complicité quasiment familiale entre Dominique Leblanc, graphiste de la vieille école underground française, et Nadia Canbell, la schizophrène poétesse montante de la Jeune Poésie Française (J.P.F), l'opuscule à quatre mains nous livre une demi-douzaine de poèmes ciselés et acides, qu'illustrent puissamment les dessins au scalpel du dessinateur vedette de Model-Peltex.

    L'objet est petit : 15 x 10,5 cm, et - vintage oblige - tiré à la photocopieuse couleur. Couverture cartonnée, 50 exemplaires numérotés, une quarantaine de pages, discrétion et côté cheap revendiqués. Rien à dire, on est bien dans l'univers désenchanté et fauché des Model-Peltex.

Vendu 6 euros port compris sur le site de l'association et, curieusement, sur Ebay, on a du mal à comprendre comment l'édition peut-être rentable, étant donné les frais de fabrication. Joint par téléphone, Leblanc nous confirme qu'effectivement elle ne l'est pas, et que ça n'a strictement aucune importance. Bel exemple de dévouement à la cause graphzine, ou à sa propre cause, les deux se confondant souvent !

Anton Herzatz, pour le magazine canadien  Tabula Rasa n°34 de juin 2015



                             Illustration : Dominique Leblanc (ci-dessus) Texte : Nadia Canbell (ci-dessous)
                                                      


                                                     Lapin mort

 

Tombé du ciel un éclat de verre

Dans mon bol de lait

Enchantée, lui dis-je

Restez s’il vous plait

 

Pas fini mon bol de lait

Pas fini la tartine

Pas fini de finir

 

Des ciseaux roses qui s’enfichent

Dans les yeux du lapin mort

Enchantée, ai-je murmuré

Restez s’il vous plait, je n’ai pas fini

 

Pas fini mon bol de lait

Pas fini la tartine

Pas fini de tartiner

 

Les petits trains sans fin

Les petits riens sans faim

S’estompent

DO IT YOURSELF- parution de FANZINORAMA, Marie Bourgoin & Matthieu Rémy (by D.L)

9 nov. 2019, Aucun commentaire
 
    Excellente surprise hier, à la librairie KLéber de Strasbourg FANZINOROMA, épais bouquin abondamment illustré, écrit par Marie Bourgoin aux Editions Hoëbeke, à l'occasion des trente ans de la Fanzinothèque de Poitiers.
La présentation n'est pas sans rappeler le récent Xavier-Gilles
Néret, GRAPHZINES/GRAPHZONES .

A croire qu'ils se sont partagés le travail : à toi les graphzines, à moi les fanzines ! Deux territoires qui se complètent, se croisent, se recoupent parfois, dans le vaste monde du DO IT YOURSELF (où l'on retrouve aussi nombre de productions musicales home made).
Comme le dit très bien Marie Bourgoin : "les fanzines fonctionnent par constellations et leurs animateurs tissent des liens les uns avec les autres".

Il y a quelques années, Model-Peltex décida d'alléger ses volumineuses archives en donnant sa collection de fanzines.

Cette donation, ce n'était pas par manque de place, mais dans l'idée de faire circuler ces publications, souvent éphémères et improbables mais attachantes. Il fallait un lieu. On a même tâté la Bibliothèque Nationale à l'époque. Ces fanzines nous ayant été donné (pour être chroniqués dans La Langouste), il semblait juste de les donner à notre tour.

C'est heureusement à ce moment-là que nous entendîmes parler de la Fanzinothèque de Poitiers, la première du genre (la seule si ça se trouve). L'endroit, inventé par Marie et Didier Bourgoin tombait à pic.
On a bien du leur envoyer cent kilos de revues ! Mais jamais nous ne sommes passé à Poitiers, regrets.

Bref, l'ouvrage. Ce qu'il faut de textes, juste suffisamment pour comprendre de quoi on parle. Puis un découpage chronologique, qui démarre en 81 avec Peltex & La Langouste et s'arrête avec Gorgonzola en 2007.
Après, cela est dit, l'internet tua la plupart des fanzines & graphzines, à l'exception de quelques productions sérigraphiées ou risographiées comme celles - au hasard - du Dernier Cri.

On ne trouvera dans FANZINORAMA ni références ni  dessins  de ESDS & BAZOOKA (déjà relativement bien étudiés par ailleurs), mais nombre de couvertures  de petites publications de l'époque, bien reproduites : RECIPROQUEMENT, S2 L'ART, LUNE Produkt, CRIMSEX, Elephant Zine, SORTEZ LA CHIENNE, ATOMIK, L'HORREUR EST HUMAINE, KARNAGE GRAPHIK, etc, il y a en une bonne centaine.
On retrouvera aussi avec  émotion les strips "Peutit Keupon" d'OAF, et ceux d'Y5P5, dessinateur multi-tâches des 80's d'autant plus mythique qu'il a disparu de l'espace public depuis bien des années.

Nadia Canbell pour Model-Peltex


FANZINORAMA, La Fanzinothèque - Edition Hoëbeke - 4000 exemplaires - une histoire de la bande dessinée underground par Marie Bourgoin avec la collaboration de Matthieu Rémy, 2019 - 25 euros.

Qu'est-ce qu'un graphzine ? Interview Francoise Duvivier/Dominique Leblanc

19 sept. 2019, Aucun commentaire

 Interview réalisée vers 2012. Elle est présente ici car toujours d'actualité.

   Françoise Duvivier est une écrivaine, une poète et une plasticienne (j’en oublie) française de renommée internationale. Son œuvre est présentée sur le site http://www.damagedcorpse.com
Dominique Leblanc est un plasticien français également connu pour avoir édité des graphzines (Peltex, La Langouste, etc.)

 

Françoise Duvivier -      En quelques lignes et plus dis-nous ce qu'est un graphzine ? Et pourquoi t'es tu lancé dans cette aventure ?

 

Dominique Leblanc -  Un graphzine, c’est un livre auto-édité en peu d’exemplaires, donc rare, rempli jusqu’à plus soif de dessins/peintures/textes/photographies. Auto édité, surtout.
En général, un graphzine est photocopié ou sérigraphié, plus rarement imprimé en offset, et souvent en noir et blanc pour des raisons économiques. Sauf la couverture, généralement mieux réalisée que le reste. On y trouve aussi parfois des pochoirs, des linogravures, des empreintes de chaussures, des traces organiques…
A distinguer du fanzine, qui privilégie l’écriture et l’information urgente, généralement sur des thématiques du moment en rapport avec la musique, la poésie, ou l’engagement politique/associatif.

Un graphzine, c’est en général le travail d’une seule personne, rarement de deux (ESDS, ZUT Production, Le dernier Cri). Parfois, c’est un groupe, sur le modèle des groupes de rock (Bazooka,  Model-Peltex au début).

    Les associations 1901 qui sont souvent derrière sont probablement plus une façade juridique qu’une réalité de travail participatif.

Le fait qu’un graphzine soit auto-édité à très peu d’exemplaires a pour conséquence de le rapprocher du livre d’artiste (un seul exemplaire).
 

Un graphzine est toujours tiré à assez peu d’exemplaires (de dix à trois cents maximum). D’abord parce que c’est très difficile à vendre, faute de réseau de distribution, ensuite parce que c’est un vrai travail – manuel - à fabriquer. Cent exemplaires à imprimer, relier, poster, le tout « à la main », ça encombre vite la cuisine.

 

Pourquoi en avoir créé un personnellement ? En 1980, c’était à la mode  dans les écoles d’art, et notamment aux Beaux-Arts (Paris, Angoulême). Moins dans les facultés d’arts plastiques d’où viennent les Models. Sans Bazooka ou Elles sont de sortie, dont on était fans, il n’y aurait pas eu de Model-Peltex. On a suivi, pour le fun, pour faire pareil. Il y avait aussi un coté très parodique, y compris des journaux de ces groupes là. Jamais nous ne nous sommes pris au sérieux. Heureusement parce que la réciproque est vraie aussi : on ne nous a pas pris au sérieux.


Par la suite, et bien, un graphzine permet de travailler à son rythme, sans stress, sans dates à respecter, sans souci de rentabilité, sans critiques et à la limite sans lecteurs. Quand on a une vie professionnelle à côté assez dense, ce qui est mon cas, c’est à peu près le seul moyen de tenter de faire connaître son travail graphique. Sinon, il faudrait passer par le circuit des expositions, des concours, des books et des encadrements. Ce serait un autre métier.

En résumé, une manière simple de diffuser son travail, ou même simplement de s’amuser.

Par ailleurs, j’aime beaucoup le papier, l’imprimé, les photocopieuses, les pochoirs, et tout ce qui va avec l’édition « à la cuisine » : la mise en page, l’écriture…

Et encore : le jeu de l’édition « alternative » avec son côté réseau social avant l’heure, qui permet de rencontrer des gens qui s’intéressent aux mêmes choses que vous.

 

 Françoise Duvivier -     Peux tu nous dire quelle est, pour toi, la différence entre un graphzine et un magazine ? S'il y en a une, d’où vient-elle ?

 

Dominique Leblanc -  La publicité et la qualité d’impression. Dès lors qu’une vraie maison d’édition prend les choses en main, comme l’ont fait à une époque Le dernier Terrain Vague ou Futuropolis, ou encore Libération, on quitte le domaine du graphzine, et on entre dans celui de l’édition à vocation essentiellement marchande. Sans jugement de valeur de ma part….

Et cela, qu’il s’agisse d’un livre ou d’un magazine. Il va y avoir du marketing, de la publicité, de vrais réseaux de diffusion, des gens qui en vivent.

Maintenant, entre un fanzine bien fait et un magazine un peu cheap, peu de différences sans doute.

 

 Françoise Duvivier -     Quand as tu commencé?

Dominique Leblanc -  Peltex n°1 est paru en 1981. Ensuite, un numéro à peu près chaque année, jusqu’en 1989. La série des Peltex 8 a pris au moins 20 ans. En fait, elle n'est pas vraiment terminée, un hors-série est paru en 2019

 Françoise Duvivier -     Y a t'il des évènements qui t'ont précisément amené vers cette activité ?

Dominique Leblanc -  Je suis plutôt graphiste, mais peu attiré (en pratique, pas en général) par la bande dessinée ou l’illustration. Ca ne laisse pas tellement de possibilités d’expression publique "imprimée".

 Françoise Duvivier -     Que signifie l'association MODEL-PELTEX, pourquoi ce mot?

Dominique Leblanc -  Models : c’est Zaza qui a trouvé ça, ça voulait dire « modèles ». Quand à Peltex, ça vient de la fausse fourrure éponyme. On adorait ces trucs kitsch, à une époque.
Disons, jolie sonorité, c’est tout.

 

 Françoise Duvivier -     Et "La Langouste"?

Dominique Leblanc -  Le nom complet de ce mensuel « d’information underground » c’était « le cri de la langouste ». Ca vient du titre d’une pièce de théâtre de John Murrell : « Sarah et le cri de la langouste. ».

Vu que les langoustes ne crient pas, c’était juste une association de mots percutante. Un oxymore.


J’ai crée la Langouste parce que nous recevions tellement de graphzines et autres productions alternatives que le seul Peltex ne suffisait pas pour en parler.
Or les graphzines, ça marchaient comme ça : tu parles de mon journal, je parle du tien. Du copinage généralisé, en fait. Assez sympathique au demeurant.

 

 Françoise Duvivier -     Tu as participé de même à d'autres distributions comme "LPDA" et autres, qu'as-tu à dire à-propos ?

Dominique Leblanc -  Pas grand chose : mon nom ou celui de Zaza apparaissent dans une vingtaine d’autres graphzines, généralement introuvables et que personne ne cherche à retrouver vraiment, à part quelques collectionneurs très investis.

Si, quand même : nous étions proches de Z.U.T Productions (Charpentier et Bocahut), on a plus travaillé pour eux que pour la moyenne des autres. On bossait pareil qu’eux, tout aussi bordéliques. On a échangé des dizaines de courriers qui étaient de vrais petits graphzines….
J’ai aussi beaucoup correspondu avec Petchanatz, un touche à tout comme moi.

 Françoise Duvivier -   Quels sont les courants en art qui t'ont le plus influencé?

 

Dominique Leblanc -     Les courants d’air !
Je travaille dans l’enseignement de l’art et, forcément, mes goûts sont éclectiques, et assez étendus. Disons l’Expressionnisme au sens large (avec ses précurseurs et ses néo), le Dadaïsme un peu, le Pop Art beaucoup.
Les graphistes Bruno Richard, Philippe Bailly (Ti5dur), les dessins de Picasso, Matisse, Dix, Schiele (excusez du peu !). Mais il y a tant de belles choses…tant de gens qui ont fait des oeuvres intéressantes. Je suis un peu éponge sur les bords.

 

 Françoise Duvivier -     Qu’est ce que l’art pour toi ?

Dominique Leblanc -  Le fait de créer quelque chose, ou de l’interpréter, le moment de l’action. Une fuite aussi, hors du quotidien. Mais il faut savoir fuir, n’est-ce pas ?

 Françoise Duvivier -     Te sens tu être un artiste ?

Dominique Leblanc -  Je me suis vaguement posé la question autrefois, en y répondant d’abord « non » : je n’ai jamais voulu « être un artiste » de profession. Mais de facto, oui : un artiste intermittent.
C’est  une manière d’aborder le monde, vu d’à côté, en l’interprétant à sa guise, comme on peut,  parfois comme on veut quand ça marche. C’est irrationnel, ça correspond sans doute à une insatisfaction. Il y a d’autres manière de l’aborder, le monde : on peut vouloir le régenter, l’organiser ou l’expliquer. On devrait pouvoir s’en contenter, et c’est le cas pour la plupart des gens, je suppose.

 Françoise Duvivier -     Et le mail-art ?

Dominique Leblanc -  Le mail-art, l’art postal…
Sur cent produits « underground » que nous recevions entre 1980 et 1990, il y avait 50% de mail-art. Au retour des vacances, la boîte en était pleine. Des gens plutôt organisés, ayant conscience de faire partie d’un ensemble très vaste et international. Un truc fondamentalement gentil.
Ce n’est pas de l’art, en général, mais ce n’est pas inintéressant non plus. Un côté altermondialiste avant l’heure. J’ai consacré un numéro de Peltex (le n°7) à ce mouvement. C’est tout. Ce n’est pas l’esprit de Model-Peltex, même si je suis personnellement adepte des enveloppes décorées.

 Françoise Duvivier -     En effet, j'ai connu ta production lorsque je faisais moi-même du mail-art - voici le pourquoi de ma question!
   Parle nous sommairement des gens que tu as présenté – pourquoi ? - leur spécificité ?

Dominique Leblanc -        Lorsque les Models ont cessé de vouloir bosser gratuitement pour moi – c’est  à dire de créer tout court en fait (ils ont un métier en rapport avec l’art, mais plus guère le temps ou l’envie), je me suis tourné vers tous ceux qui, en France et ailleurs, avaient une certaine notoriété dans le domaine du graphzine : Krabs, Infrarot, Iskra, Desvois, Duvivier J. D’autres se sont présentés spontanément…
Faire un graphzine tout seul, ça demande une énergie considérable et une bonne dose d’aveuglement. Mieux vaut  s’y mettre à plusieurs.
Peltex n°8 et ses livrets alphabétiques m’a permis de faire un quasi recensement, à un moment donné, des graphistes ‘underground » de ma génération. Et la formule était intéressante, ça piquait le côté collectionneur de ceux qui nous achetaient nos productions.

Je suis souvent passé outre mes préférences, cela dit, pour ne pas faire de peine. A tort sans doute, mais c’était difficile de faire autrement. Je demandais un travail sur un thème, ce n’était pas toujours très bon, mais je le publiais quand même parce que le gars ou la fille avait bossé sincèrement et que je l’aimais bien.

 

 Françoise Duvivier -     Au niveau international, peux tu nous dire tes choix et préférences en graphzines, BD, mangas etc. ....

Dominique Leblanc -  Je connais mal. Je n’apprécie pas trop le style underground américain, genre Gary Panther  ou Spiegelmann, ou Crumb. Un peu trop BD et illustratif à mon goût.
Une principale exception, Julie Doucet. Mais déjà, c’est une francophone. Elle était charmante (l’est toujours), on a beaucoup correspondu…
Une sorte de Sophie Calle de la BD, avec beaucoup d’autodérision et d’humour.

Les mangas, ce n’est pas mon monde. Ca ne m’intéresse absolument pas, du point de vue plastique. Je ne dirais pas que c’est mal fait,  non, mais ça ne me parle pas.

 Françoise Duvivier -     Pourquoi ?

Dominique Leblanc -  Comme les graphs « street-art » d’aujourd’hui, les thématiques m’indiffèrent, et les graphismes me semblent répétitifs.

 Françoise Duvivier -     Comment peut on se procurer "MODEL-PELTEX" - l'adresse, la distribution, frais de port?

Dominique Leblanc -  Après 17 ans d’interruption, le petit réseau « d’abonnés » qui nous suivait a disparu, bien sûr. Donc, vente par correspondance uniquement, sur le site http://modelpeltex.free.fr)

Sur Ebay, aussi, on trouve parfois des Peltex. Peut-être y a-t-il encore quelques exemplaires à la librairie « Un Regard Moderne » (Paris).


Mais ça n’a pas grande importance. De toute façon, Models n’a plus grand chose à vendre, sauf la dernière création, Peltex N°8 lettre Z, qui est parue en juillet 2011. Et un Peltex n°10 sur le thème « Danses macabres ». Par contre, il y aurait beaucoup d’originaux (Models uniquement), des maquettes de pages, etc. Pour un musée Peltex, j’ai le fond !

 

Peltex n°8 lettre Z comme zombies (by D.L)

19 sept. 2019, Aucun commentaire

    
dessin de Bruno Richard dans Peltex n°8 lettre Z, spécial Zombies 2011

      Peltex n°8 est un graphzine composé de 24 livrets portant chacun comme titre une lettre de l’alphabet. Celui-ci est le vingt-cinquième.
Pour la plupart des livrets, la lettre correspond à l’initiale du nom, ou du pseudo, d’un artiste. Souvent de deux artistes, et parfois de trois. Certaines lettres correspondent, elles,  à un thème, comme la lettre U (Underground Graphismes), ou X (classé X).

 Peltex N°8 est en chantier depuis 1988, ça doit être une sorte de record. En tout cas pour un graphzine.

Initialement, la lettre Z était réservée à Zaza. Mais Zaza ne dessine plus.

 Alors, j’ai contacté les « anciens » de Peltex, ceux que j’apprécie le plus, pour ce qu’ils font et pour ce qu’ils sont : Antoine Bernhart, oldschool dandy rock strasbourgeois pour qui le mort-vivant est un costume qui va de soi, Bruno Richard qui dessine depuis toujours avec du sang (entre autre) de sorcier vaudou, Françoise Duvivier, déjà morte au moins une fois et qui ne s’en lasse pas, Dominique Leblanc qui bat la campagne…

Et puis Ewa Bathelier, qui sait faire d’une simple robe de forts jolis fantômes de danseuses assassinées…

 Donc, Z comme Zombie, ou série Z. Il y avait aussi Zorro, mais le thème est moins consensuel dans l’underground. Zizi aurait plu sans doute, mais je n’avais pas envie de petits dessins « rigolos ». Ni même de zombis « rigolos ».

Oui, j’y viens : pourquoi « zombie » ?

        Le mort-vivant interpelle bien, les no man’s lands ont leurs charmes pourris, l’exquise beauté des cadavres, c’est une vieille histoire. Je vous la raconterais bien, mais pas la place, ni vraiment l’envie d’ailleurs..

      Il faudrait alors remonter aux totentanz, faire une pause du côté de Grünewald et de Goya, humer la charogne de Baudelaire, redire que le meilleur film de mort-vivants, c’est la nuit éponyme de Romero, disserter sur Spilliaert et Ensor, convoquer St-Saens, mais vous savez déjà tout cela. Ce serait ennuyeux, alors que justement, les zombis sont tout sauf générateurs d’ennui. On les aime pour ça. 

- « Garçon, un écorché pas trop frais, s’il vous plait ! La bière viendra après. »

       C’est l’avantage de l’horreur sur la mélancolie : ça dure moins longtemps, et c’est plus intense. Courez, courez, votre cauchemar préféré vous rattrapera lentement, très lentement…


Pas si lentement que ça, en fait.
 

Mais un dessin, une peinture, ça ne peut pas être horrible. Je veux dire, volontairement. Un film, oui, une musique, à la rigueur, la « réalité » souvent. Ne jamais oublier les guillemets en écrivant « réalité ».

Il faut de la beauté plastique même et surtout dans un thème comme celui-là : un bras désarticulé, c’est un dérangement de l’ordre des choses, et ça c’est la fonction de l’art. Déranger les pensées, inverser les circuits, disjoncter parfois…


Dans le vivant, c’est souvent le mort qui m’intéresse. Et vice-versa.

         La frontière est parfois floue. Le squelette est un prêt-à-porter jamais loin, le mort-vivant un crocodile à l’affût à la surface de l’âme. Une possibilité aussi. Je le soupçonne dans les hôpitaux, dans les maisons de retraites plus que dans les cimetières de Louisiane. Je le croise parfois dans la ville, le devine dans ma mémoire, le redoute dans les miroirs.

Mais c’est de la littérature, ça. Place aux images !

A oui, j’oubliais : cette lettre a été tirée dans un premier temps à cent exemplaires numérotés.

Si nécessaire, il y aura un deuxième tirage, pas numéroté. Et ce sera tout.


Vous pouvez contacter Model-Peltex à l’adresse http://modelpeltex.free.fr/ ou par courrier au 3 rue de Wissembourg, 67000 Strasbourg. France.

On a besoin de rien, les chevalets n’ont pas de poches. Mais je suppose que vous pouvez quand même acheter d’autres lettres de ce numéro 8, et certains dessins originaux.

 

  Canbell, pour Model-Peltex. Juin 2011


Couverture (Dominique Leblanc)

Model-Peltex way of no-life (by D.L)

14 sept. 2019, Aucun commentaire


Model-Peltex n'est pas de gauche. Ni de gauche. Model-Peltex est parfois à la droite d'Atila et parfois à la gauche de Robespierre, mais respecte les mouches et les petites choses innocentes. MPP ne marche pas droit, zigzague, et cependant arrive toujours quelque part, ou, au pire, revient à son point de départ. Ce qui n'est déjà pas si mal. De toute façon, MPP n'est pas où on le cherche, se cherche lui-même et restera caché. 

MPP  préfère les moineaux et les rat-taupes nus aux loups et aux ours blancs. MPP  n'est ni racisé ni inclusif, ni genré ni transgenré, juste un peu dérangé, et surtout n'est pas moderne sauf en art moderne. MPP  ne croit pas au gratuit et donc respecte l'argent, l'art hors de prix dans les musées élitistes et les livres d'image récents et transgressifs tirés à peu d'exemplaires pour un public narcissique mais instruit.  L'art discordant qui grince harmonieusement aux oreilles éduquées par les siècles qui s'évanouissent. 

MPP sait que l'humanité ne se sauvera pas d'elle-même. Tout ce qui pourra être fait de crétin le sera, l'est déjà, et même les saints ne marchent pas très droits. 
MPP  n'aime pas le rap, ni l'ancien, ni l'actuel, ni le futur, parce que MPP  aime les Gay Pride, les créatures, la liberté des corps et des esprits, en un mot l'élégance. Et le rap c'est la haine qui s'ajoute à la tristesse du monde.

MPP préférerait ne pas être en écoutant sans l'écouter le vent galactique. Model-Peltex ne connaîtra jamais la voiture autonome, parce qu'elle n'existera pas, ni les voitures volantes, parce qu'elles tomberont. Il y aura la trottinette électrique pour les riches. 
Un jour les trains seront à pédales, et plus vous pédalerez, plus vous paierez. Les vieux et les obèses paieront donc plus, et c'est normal. L'avenir de l'humanité, c'est le voile, la voile, le cheval, le viol et le meurtre. Les centres d'euthanasie seront cotés en bourse, parce que la meilleure moitié de l'humanité, au contraire des ours blancs et des insectes, souhaite ardemment disparaître, et que l'autre moitié à bien  l'intention de l'y aider. 

En conséquence de cette inconséquence mortifère, MPP s’allège en vieillissant, de la chair, des objets, des sentiments et des utopies.
Il n'y a plus de branches saines pour grimper aux arbres, soyons minéral.

GRAPHZINE/GRAPHZONE, un essai de Xavier-Gilles NERET (by D.L)

4 sept. 2019, Aucun commentaire

                


GRAPHZINE/GRAPHZONE, un essai de Xavier-Gilles NERET aux éditions Dernier Cri/Sandre. Paru en septembre 2019


       Il était attendu dans le microcosme des graphzineurs, il est là, pile à l'heure. Ce qui prouve déjà que ce n'est pas un graphzine (ça y ressemble néanmoins un peu), mais un livre sérieux. Un livre de recherche universitaire, son auteur étant professeur agrégé de philosophie encanaillé vers l'histoire de l'art, et pas n'importe laquelle, celle de la marge.

J'ai déjà eu l'occasion d'écrire sur la maison d'édition "le Dernier Cri" et son énergique gourou, Pakito Bolino. On retrouve bien ici la coloration typique de cet atelier d'impression, couleurs louches, roses mourants, jaunes sourds. Pourquoi pas. La couverture (Bolino ?), pas trop sobre, pas trop criante, une sérigraphie de bon aloi dans des tons fluos verts zombie (il y a aussi une version de la couverture plus automnale), rien à redire.

J'en profite cependant pour signaler que le livre demande à être manié avec plus de précautions que je ne l'ai fait dans ma hâte de le découvrir, les pages ont malheureusement tendance à se détacher. A vrai dire, la raison en est technique : l'éditeur a utilisé un système de collage basique pour rester dans les clous du point de vue financier. Sinon, ce n'était pas 25 euros qu'il aurait fallu payer l'ouvrage, mais le double.

      Ouvrage qui fait 160 pages, reliure souple, dodu comme il faut, pour un prix très accessible au futur graphzineur un peu serré du porte-monnaie. Le tout tiré à 2500 exemplaires, ce qui est relativement peu (attention, futur collector !) mais je comprends la prudence des uns et des autres : les graphzines, ça intéresse combien de gens en francophonie ? Si on estime par rapport aux tirages passés moyens de ces objets étranges, il est à tout casser de 1000 personnes,  au doigt mouillé, mais j'ai foi en mes doigts.

                 Cependant, on ne parle pas d'un graphzine, mais, nuance, d'un livre SUR les graphzines. 

Commençons au commencement : GRAPHZINE/GRAPHZONE est dédicacé à des morts méconnus du public (même cultivé, même arty) quoique ces noms soient illustres auprès de leurs pairs graphzineurs : au début, il y avait le libraire Jacques Noël (Un Regard Moderne),et ses apôtres, les dessinateurs Lulu Larsen, Jocelin, Doury, Levasseur (donc, tous morts récemment : on dirait que ça ne conserve pas, le dessin underground). 

D'autres aussi, aujourd'hui,  mais ceux-là bien vivants, suivent le même chemin exigeant et parfois ingrat. Même si d'autres Rimbaud du graphisme ont pris un chemin parallèle (Infrarot, ZUT Pds), ou ont même carrément disparu dans la nature (Y5P5, Ti5 Dur, Krabs, Desvois, Heilmann, etc, etc.)

Au passage, Neret n'ose sans doute pas le souligner, les graphzines c'est un monde d'hommes. Faut quand même être rudement combatif (j'avais un autre mot en tête) pour porter des projets pareils à bout de bras, pendant des années, pour se pointer dans des librairies indifférentes (souvent) avec ses trois pauvres fanzines sous le bras et son ego d'éditeur incompris et solitaire. Faut croire en soi, ne jamais douter, sinon, c'est comme s'arrêter en vélo, on se casse la gueule, on regarde en arrière et on se demande si on n'a pas perdu son temps. Les artistes femmes sont moins naïves et plus réalistes aussi, ou moins patientes, et puis, mettre leurs ovaires sur la table, c'est pas leur truc. Les éditrices de graphzines se comptent donc sur les doigts d'une main : Olivia Clavel (Bazooka), Anne Van Der Linden, Zaza (Model-Peltex), Françoise Duvivier (Métro Riquet), Catherine Dard... 

Revenons au livre. L'auteur prévient : tout le monde n'y sera pas, dans GRAPHZINE/GRAPHZONE. 

    Ben oui, ce n'est pas une une encyclopédie des dessinateurs "underground", juste une sélection orientée par les affects de l'auteur. Ce qui n'empêche pas la rigueur, et un balayage quand même assez large, avec beaucoup de noms cités, et pas mal d'illustrations (je les aurais préféré moins floues, plus nombreuses, en noir et blanc peut-être, mais c'est un détail sans grande importance).

L'accent est mis sur un petit groupe d'artistes  : Bruno Richard (normal, incontournable, qui se définit curieusement en "communiste artistique"), Infrarot, Pakito Bolino, Stu Mead (choix plus étrange), Gary Panter, Hegray, Daisuke Ichiba (que je ne connaissais pas, honte), les libraires sympathisants de la cause (Jean-Pierre Faur, Jacques Noël).

Dans le premier chapitre, Neret remet les pendules à l'heure, explore le concept même de graphzine, recadre les définitions existantes, et propose la sienne. Cela méritait d'être fait depuis longtemps, ses définitions sont pertinentes et pourront faire jurisprudence. Je ne les résume pas ici, après tout mon objectif c'est de vous faire acheter l'ouvrage et donc de vous inciter à voir par vous-même.

Indispensable aussi : établir la distinction entre fanzines et graphzines. Deux mondes parallèles, aux objectifs totalement différents, mais qui ont pu parfois se mélanger (magazine "Hello Happy Taxpayers" par exemple). Disons le au passage : il y a eu beaucoup plus de fanzines que de graphzines, et à des tirages bien supérieurs, d'où la confusion dans l'esprit du public, même chez celui qui comprend au moins de quoi on parle ici. 

Ensuite, Neret démarre sur Bazooka, le seul "groupe" de graphistes un tant soit peu connu institutionnellement, même si les Bazookas qui restent travaillent maintenant en artistes solitaires : Kiki Picasso, Olivia Clavel, Loulou Picasso. 

L'auteur, donc, démarre très classiquement sur eux comment faire autrement, c'est la statue du Commandeur, Bazooka, mais assez vite il embraye sur la seconde génération de graphzines, ceux d'ESDS, du Dernier Cri et d'Infrarot notamment.
Sur Bazooka, il fait relativement court. D'abord parce que Seisser a à peu près tout raconté sur ce "commando artistique", pas besoin de refaire le boulot. C'est normal, c'est judicieux d'élargir le champ de la recherche, et l'on sent bien qu'il les aime ces artistes "du second groupe" comme il les définit en soulignant les filiations avec ceux du premier.
Neret - soulignons-le -  sait se mettre en retrait, c'est un Restany discret : il a interviewé, échangé, corrigé en fonction des réponses ses informations, et ses citations des propos des uns et des autres sont passionnantes (surtout lorsque l'on connaît les protagonistes, car pour le lecteur "vierge", je ne sais pas).

Par exemple, Bruno Richard (Elles Sont De Sortie) donnant du graphisme des 80/90's cette savoureuse définition :"les hippies faisaient des dessins ronds, nous on ne fait pas des dessins ronds, on fait des dessins méchants"). Oui, cher BR c'est exactement cela ! on est passé de la courbe à l'angle, et du point à la ligne. Lumineuse évidence, maintenant qu'il le dit.
La querelle Garcia/Blanquet, si pittoresque, m'a bien fait rire aussi.

Quoi d'autre ? Un chapitre sur le rapport graphzine/politique : pour faire court, il n'y en a pas. Maintenant, force est de reconnaître que, si les artistes eux-même sont leur propre parti, ceux qui leur donnent une résonance plus vaste (on a même parlé de "récupération") sont quand même très marqués à gauche, pour ne pas dire parfois à l'extrême-gauche : Libération, Zoulou, l'Echo des Savanes. La révolution graphique, ça ne mange pas de pain, pas besoin des foules de prolétaires.

J'ai déjà dit que les fanzines étaient ouvriers, et les graphzines pour la plupart fabriqués par des étudiants en art ? Bref, art et politique, ça ne se mélange que difficilement, et c'est tant mieux.

 

         Le problème des originaux est abordé, un aspect des choses intéressant qui aurait pu être davantage développé (oui, je sais, fallait bien arrêter quelque part !). Parce qu'à un moment donné, plus d'un graphzineur a tenté l'oeuvre unique (non éditée), originale, donc "présentable", donc exposable, donc vendable. Car faut bien vivre, mon bon monsieur, et ils n'avaient pas tous les moyens de Degas ou Toulouse-Lautrec. 

   On retrouve là la même problématique que pour le Street-art : pas facile de vendre un mur, alors faut passer à la toile, mais du coup on perd ce je-ne-sais-quoi de consubstantiel au charme du graphzine (ou du pochoir), et en général, ça rate. On perd son public de base sans en gagner véritablement un autre. Pas le même monde, en fait.

 Bon, ça ne rate pas toujours, et ça ne rate pas toujours  complètement, mais honnêtement je ne connais pas d'exemple de graphzineurs qui soient passés avec un total succès dans "l'autre camp", celui de l'institution, des Beaux-arts. Si l'on prend l'hebdo du même nom, la référence en France, c'est pas souvent que l'on y présente le travail de Loulou Picasso ou de Lagautrière, ou même de Miss Tic pour parler du créneau d'à côté, pour ne citer que les trois premiers qui me viennent en tête. Une trop forte odeur d'underground, ça fait fuir apparemment, comme un lecteur du Monde surpris à lire de la bédé pornographique. La marginalité, revendiquée au début, colle ensuite un peu trop aux semelles du graphzineur.

Et puis quoi ? Je voulais faire  court, mais impossible d'expédier comme cela l'ouvrage tant le propos est vaste et ouvre des pistes; déjà, pour une fois que l'on tient un "critique" d'art qui s'intéresse à nos petites productions, on ne va pas le laisser filer comme cela. J'ai déjà dit que son bouquin était réellement excellent ? Qu'il fallait l'acheter, déjà parce que dans sa catégorie il n'y en a pas beaucoup d'autres ? On le trouve certes partout mais ça risque de ne pas durer (on le trouve même sur Amazine, c'est dire).

 

Et encore ? Faut pas l'oublier, les graphzines, c'est encore vivant. Ca se bat pour exister, parce que c'est la vie, parce que cela correspondra nécessairement toujours à certains profils d'artistes un peu ou beaucoup marginaux, qu'il y aura toujours des conformismes à combattre, des champs nouveaux à explorer.

Alors, merci cher Xavier-Gilles, et persévérez, creusez, vous le faites avec honnêteté et talent !

Danses macabres : le Dernier Cri (by D.L)

4 mars 2019, Aucun commentaire
Lettre à Paquito Bolino, éditeur du Dernier Cri

Alors oui, bien sûr. 

Le Dernier Cri, comme une évidence pas si définitive, comme une évidence obstinée à exister encore et encore. Paquito Bolino est toujours là, il a bien du mérite, mais qu'est-ce qui est à sauver, à faire naître (?), alors que déjà tant d'artistes ont disparu des radars depuis si longtemps ? Le graphisme "underground" français - et ses alias rebaptisés punks par les rares exégètes, parce que "punk" ça sonnait plus anglo-saxon - le petit monde familial des fanzines et des graphzines s'est évaporé en silence, comme il avait vécu.

Faut examiner la descendance, cependant, vérifier déjà si elle existe, et justement il se pourrait qu'elle soit nichée dans ce Dernier Cri qui s'est répercuté jusqu'au musée d'Art Moderne de Strasbourg, rayon central, en majesté d'exposition.Le graphisme underground dans les années 70, mort au début des 90,s. Rip ?Ou pas, faut voir. On est là pour ça aujourd'hui.

Les graphzines, puisque c'est d'eux que nous voulons parler ici, les graphzines ne sont pas morts de leur faible notoriété, ni de leur absence absolue de rentabilité, moins encore de la lassitude de ceux qui les faisaient vivre, et se faisant se faisaient vivre eux-même. Vivre intellectuellement s'entend. Heureusement, les dessinateurs avaient généralement à côté de petits boulots honnêtes : livreur, sérigraphiste, pute, prof d'arts plastiques...

Ces "revues" ne sont même pas mortes de leur public étique, car après tout être (à l'extrême rigueur) son seul lecteur a quelques avantages, la critique est d'autant plus indulgente. Quoique... 

Ces revues donc, qui étaient nées du développement à prix démocratique des moyens de communication (stencils, photocopieuse, offset, puis sérigraphie) ont été rendues obsolètes par plus gratuit qu'elles, l'internet a eu leur peau de papier. Les graphzines sont d'abord devenus des webzines, dans un inutile réflexe de survie, et puis ils sont devenus plus rien du tout. De petites gouttelettes d'images brutes perdues dans l'infini ressac numérique.

Mais n'allons pas trop vite. En ce temps là, donc, celui de l'âge d'or - nous sommes en 1985 - des dizaines de publications home made - c'est à dire sans véritables éditeurs ni distributeusr - s'échangent, se donnent, se vendent parfois. Des libraires ultra-spécialisées, dont l'archétype désormais divinisé par ses dessinateurs orphelins restera Jacques Noël le bien nommé; un ou deux libraires "de niche" par capitale occidentale. Berlin, Bruxelles, Londres, chaque métropole a eu son petit lieu discret qui proposait à un public très connaisseur et sous le manteau des graphzines hors de prix, parce que, ben oui, quand on vend très peu  faut vendre très cher pour rentrer au moins dans ses frais. D'où le paradoxe que des revues faites pour tous  se retrouvaient d'emblée dans les bibliothèques d'amateurs plus qu'avertis.

Dans ces temples du graphisme d'à côté, on trouvait un capharnaüm invraisemblable de revues érotiques vintage, de photographies sado-masos plus ou moins artistiques, de livres d'art d'artistes inconnus, de fanzines sans fond ni forme, de publications étrangères improbables que l'on baptisait pépites, un peu vite parfois. Tout ce qui est rare ne vaut pas cher. Mais parfois, si. Encore une fois, la librairie "Un regard Moderne" de Noël, ex des Yeux Fertiles, représentait l'archétype de ces endroits insolites pour lesquels on faisait le déplacement depuis Strasbourg : d'abord, on rendait visite au Regard Moderne, ensuite au musée d'Orsay, puis le Louvre, c'était la hiérarchie des passionnés, Model-Peltex en faisait partie.

    Chez Noel, c'était un peu comme dans la bibliothèque confiée à Gaston Lagaffe. il fallait rentrer le ventre pour se faufiler dans des passages étroits, il y avait autant de pleins que de vides, voire plus. Je me demande au passage ce qu'est devenu ce stock invraisemblable ?

         C'était une boîte à bonbons graphiques. Les bonbons n'étaient pas donnés, on l'a dit. mais  le placement n'était pas si mauvais; nombre de ces revues se vendent fort bien, aujourd'hui encore, lorsque par hasard on les retrouve proposées sur un site d'enchères en ligne.  Noel, c'était l'abbé Pierre des graphzineurs, depuis le début.
    Qui n'y a pas trouvé refuge, consolation, et surtout un rien de reconnaissance ? Sont passés par là les Bazookas (pas longtemps : fils anarcho-punks du journal Libération à qui ils servaient de caution culturelle, eux avaient les moyens (mérités) d'éviter les laborieux circuits alternatifs), Bruno Richard et Doury (qui faillirent suivre la même trajectoire que les Bazookas, mais ce n'était pas la même chanson  et le recyclage a partiellement raté), Placid et Muzo (recueillis ensuite en tant qu'illustrateurs par le même journal Libération), les ZUT Production, Y5P5, Jocelin, Krabs, recueillis par personne.On pouvait y acheter des titres français et étrangers, citons parmi des dizaines d'autres Raw, Dirty Plotte, Casal,  Elles Sont de Sortie, 0+0, Bazooka, Amtramdram, et Model-Peltex.

Venons-y, à Model-Peltex, après tout c'est à cela que je veux en venir, c'est pour raconter encore une fois la petite histoire de cette chose graphique que je suis là, et aussi parce que Paquito veut un contexte autour de la vingtaine d'oeuvres d'artistes divers que je lui ai envoyé.

Peltex n'est pas le plus connu des graphzines que nous avons déjà cités. Déjà, ce n'était même pas un titre parisien. Handicap presque rédhibitoire, on le savait mais qu'y faire ? Et oui, il y en a qui ont de la chance, ça naît à côté des Beaux-arts de Paris, leur atelier a vue sur le festival d'Angoulême, alors que certains n'ont que le cabaret La Choucrouterie comme horizon culturel. Oui, bien sûr, il y a pire...Abidjan ou Illzach-Modenheim. Je le sais, j'y ai vécu aussi.

    Et donc, le petit graphzine Peltex (on traitera le détail ailleurs, une autre fois), se donnait un mal fou pour exister. Faute de véritable lieu d'implantation local et moins encore national (4 ou 5 petits points de vente réguliers, et encore !), Peltex développa un réseau d'abonnés/collectionneurs, qui nous achetaient régulièrement nos graphzines, par correspondance. Peltex sortit neuf numéros, et le fanzine La Langouste une vingtaine.Tout passait donc forcément par la poste, et qui dit poste dit courriers, répondre aux courriers, envoyer des courriers, manger du courrier. Les retours de vacances n'étaient pas tristes, c'était la hotte du père Noël (on y revient toujours) ! Une demi-dizaine de disques plus ou moins supportables, des cassettes démos, des graphzines, tous les fanzines de la terre, du mail-art, des reproches, des propositions....Mais faut pas imaginer une ruche de graphzineurs et leurs groupies qui bossent comme ça, pour le fun. Non, Model-Peltex, très vite, ça n'a été que deux personnes, Leblanc et sa copine Zaza, et Zaza ayant autre chose à faire au bout d'un moment, on est vite arrivés à l'os.Je suis cet os.

Pour faire un graphzine, en général on choisissait un thème. Un classique racoleur, ou du grand n'importe quoi, peu importe. Par exemple, Peltex n°3  "Y a t-il une vie sexuelle après la mort ?" ou encore Peltex n°6, "spécial Bondage". Il y eu aussi un numéro plus intellectuel - un "spécial mail-art". Le n°7.

Avec le numéro 8, toutefois, on a innové, en le découpant en 24 petits sous-numéros, classés de la lettre A à la lettre Z. A chaque lettre correspondait un nom d'artiste, ou plus souvent deux : B comme Antoine Bernhard, E comme Elles Sont de Sortie, J comme Jocelin & Joan, I comme Infrarot & Iskra, Y comme Y5P5, etc.L'ensemble a balayé le spectre de "l'underground" français, mais pas que : Henriette Valium, Julie Doucet, des canadiens. Une pincée aussi de Nord-américains. Parfois, la lettre correspondait à un thème, ce qui permettait de regrouper des artistes déjà parus, ou découverts ultérieurement. Ca donnait des titres comme "Underground Graphismes", ou "Compilation X", ou bien encore  la lettre G comme "compilation Graphique" dont un certain Pakito Bolino illustra la couverture.

Ce numéro 8 fût, à notre échelle,  un succès d'édition. Le plaisir de la collection, sans doute. Nous en avons distribué au total pas loin de 5000 exemplaires. Tout cela en même temps que La Langouste, qui traitait, elle, de l'actualité fanzinesque et graphzinesque.Tout cela assemblé, agrafé, enveloppé dans le salon. Vous imaginez, les milliers de pages dans tous les coins.

Et tout cela partait bien sûr par la Poste, et encore par la Poste. Remercier les uns, encourager les autres, relancer tel artiste, solliciter les librairies, un boulot de dingue. Et donc, tout s'arrêta vers 1993. Overdose d'écrits.Il y a d'autres raisons, bien sûr, mais ce n'est pas le propos d'aujourd'hui. La Langouste tira sa révérence, Peltex n°8 fût stoppé net : il ne restait à vrai dire que deux lettres à sortir, la lettre Z comme Zaza, et la lettre L comme Leblanc, les capitaines étant prévus comme derniers édités. J'ai plaisir à dire que ces deux lettres sont finalement sorties en 2011 et 2012, parce que Peltex c'est comme ça, c'est une idée qui revient toujours (bien que la lettre Z soit devenue un "spécial Zombies"). Au moment de l'arrêt éditorial de ce qui n'était plus depuis longtemps une vraie association, il restait néanmoins encore deux numéros qui mijotaient sur le feu :

.Peltex n°9, qui regroupait l'ensemble des numéros déjà sortis de La Langouste, avec un index, le tout accompagné d'une série de textes écrits sur le thème du comment et du pourquoi de l'édition. Ce numéro est paru à cent exemplaires. Royal. Il aurait pu y avoir une encyclopédie, j'ai capitulé devant l'ampleur de la mise en page. Dommage, il ne sera plus très facile de réaliser une telle somme désormais.

Mais il restait surtout, bien avancé, le numéro 10 de Peltex, qui devait s'intituler "danses macabres".C'était un joli projet, une quarantaine de planches pour la plupart en couleur, au format 30 x 30 (l'idée, c'était un format 33 T à accompagner d'un vinyle), la plupart des œuvres devant être sérigraphiées, 

  Tout était presque prêt, même les musiques, il n'y avait plus qu'à trouver l'éditeur, c'est à dire un brave artiste/sérigraphe prêt à nous sortir ça pour pas trop cher. Un Pakito Bolino alsacien quoi.Je n'ai pas trouvé cette perle. 

Peltex n°10 Danses Macabres resta dans les cartons. Le disque 33 tours qui devait l'accompagner sortit quand même sous forme de cassette audio, grâce à l'énergie de Jérôme Roemer et de son label Headkleaner.

Le temps passa. Forcément, régulièrement, le carton à dessin ressortait, et, devant la qualité et le travail déjà réalisé, j'éprouvais un vif,  de plus en plus vif, sentiment de regret. De remord aussi. L'impression de n'avoir pas été à la hauteur des attentes des dessinateurs. D'avoir trahi.

    Dans le carton, il y avait un magnifique dessin de Y5P5, prévu pour une sérigraphie en 4 couleurs. Un autre de Lombardi, son ami de l'époque, mort depuis. D'autres oeuvres, de Bruno Charpentier des ZUT Productions (nos frères d'armes !), des frères Poincelet, De Paquito, de Françoise Duvivier, de Makhno Masaï, du Tiger Group.

Et voilà. Un projet ancien, jamais abandonné, une idée tournée au fil des ans de mille manières dans une tête fatiguée, et tout d'un coup une dernière illumination, après avoir rencontré sur les étagères de la librairie du MAMS les magnifiques éditions du Dernier Cri. S'il n'en reste qu'un, qui soit capable de s'intéresser à ces oeuvres inédites et j'espère d'en faire quelque chose d'intéressant, ce sera l'éditeur-artiste de cette maison d'édition (on peut dire "maison d'édition ?)
Alors, mon cher Paquito, je te balance le vieux bébé graphique dans les bras !



Le rayon du graphzine Le Dernier Cri au MAMS (Musée d'Art Moderne de Strasbourg)

Fessenheim : et ça se passera près de chez vous...(by D.L)

16 juil. 2018, Aucun commentaire

        

        J'ai manifesté antan contre la construction de la centrale de Fessenheim. Même à l'époque, tout le monde ne considérait pas l'énergie atomique comme l'avenir de l'humanité, faut pas croire. 

Par la suite, au fil du temps, toujours vaguement inquiet, mais bien chauffé, bien éclairé...on s'habitue à tout, même à l'idée de vivre à côté d'une potentielle décharge radioactive.Et puis, toujours pas d'accident nucléaire en France, en tout cas rien d'assez important pour être officiellement porté aux oreilles d'un public qui regarde essentiellement le montant de sa facture d'électricité et plus belle la vie, mais c'est un autre débat. J'y pense et puis j'oublie.     Cependant, il y eut Tchernobyl, puis Fukushima. Et des centrales qui ont poussé comme des champignons radioactifs au 4 coins de notre bien petit petit pays. Même alors que l'on en avait plus besoin, vu que nous sommes la plupart du temps en sur-capacité nucléaire. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Gadault & Demeude, ils ont l'air de savoir de quoi ils parlent.

Des centrales qui ont vieilli, au point que pratiquement toutes approchent  l'âge de la retraite (fixé à 40 ans par les constructeurs eux-même), et devraient donc être déjà en cours de démantèlement  pour laisser la place à autre chose. De l'éolien, du photovoltaïque, des générateurs à pédalier, des sur-bougies , ou même de nouvelles centrales nucléaires d'ailleurs, qu'elles aient au moins un plancher en béton neuf.      Oui mais : démanteler, on sait moyen. Et même si on savait bien, ça coûte un pognon de dingue, comme dirait l'autre, et du pognon, EDF n'en a pas tant que ça, et surtout pas pour ça. 34 millions de dettes, fourchette basse : n'importe quelle autre entreprise non publique aurait depuis longtemps mis la clé sous la porte, et d'ailleurs, ça arrivera peut-être un jour : "démerdez-vous braves gens avec vos 52 réacteurs en activité, nous on est fauché, ciao, on ferme la baraque, on rend tout !".

De toute façon, construire des nouvelles centrales, certains indices donnent l'impression que l'on ne sait plus trop comment faire non plus. Quand on vous dit que le niveau du bac S a considérablement baissé...



Illustration : Dominique Leblanc, 2016



              Et si l'on ne trouve plus les dizaines de milliers d'ingénieurs et de techniciens compétents et motivés dont on a besoin pour entretenir le parc nucléaire ? On sous-traite aux russes ? Et si on a une guerre civile de quelques mois ou quelques années- ça c'est vu dans l'histoire -  elles deviennent quoi, nos centrales, qui s'en occupe pour pas qu'elles sautent en une semaine ? Et nous, on fait quoi, hara-kiri  ? On a un autre pays sous la main ?     

     En attendant, EDF qui nous propose régulièrement ses actions un peu vermoulues   et ses compteurs dont personne ne veut, cette institution qui se confond avec la France, en qui on nous appris à avoir autant confiance que dans la vache qui rit, se pourrait-il qu'elle nous mène en bateau ivre, et que - pire encore - plus personne ne maîtrise vraiment cette galère à la dérive ? J'espère quand même que non, j'ai une famille.

      Mais voilà, j'ai lu le bouquin de Gadault & Demeude, et maintenant, je sais pourquoi j'avais cette impression assez tenace que nous allions dans le mur. Que nous jouions à même roulette que les russes qui ont nettement plus de géographie que nous. Savoir par exemple que les deux tiers de la population française habitent à moins de 100 kms d'une centrale.Vous, moi, regardez sur une carte. Si vous devez évacuer un jour votre région contaminée, vous n'y reviendrez jamais : investissez dans une bonne tente 4 saisons !



  Illustration : Dominique Leblanc, 2016

       

               Alors, j'ai commencé à stocker un peu d'eau dans dans ma cave, suis allé à la pharmacie,  voir où en étaient les stocks d'iode de potassium,  des fois que. Limite placebo probablement, le potassium (à prendre dans les 4 heures après exposition), mais ça rassure et que faire d'autre ?Oui mais,  les stocks d'iode constitués lors de la panique Fukushima ont été atteints par la date de péremption - dixit la pharmacienne navrée - et du coup détruits, donc en cas de souci, vous fatiguez pas à en chercher, y a pas. 


          "Fessenheim fête en 2018 ses 40 ans, malgré les risques et les menaces qui pèsent sur elle. Premièrement, la centrale est construite sur la plus grande nappe phréatique d'Europe, la nappe rhénane qui alimente en eau 6 millions de personnes.  En cas d'accident, la contamination radioactive empêcherait à l'avenir tout prélèvement dans cette nappe. Un pur cauchemar. Or, l'épaisseur de la dalle en béton située sous le réacteur est bien inférieure à celle de toutes les autres centrales nucléaires, ce qui fait craindre son percement en cas de fusion du cœur du réacteur. Deuxièmement cette centrale est construite en zone sismique avec un dimensionnement sous-évalué par rapport au risque sismique. Autre menace : elle est construite 6 mètres en dessous du niveau de l'eau du grand canal d'Alsace. Quatrièmement, la cuve de Fessenheim 1 est fissurée, c'est même l'une des plus dangereuse de France? Autre point : Fessenheim 2 est à l'arrêt parce qu'un générateur de vapeur a été livré falsifié. Et enfin, les enceintes de confinement ne sont pas conformes parce qu'elles sont sous-dimensionnées par rapport aux études mêmes d'EDF sur leur tenue mécanique en cas d'accident. Elles sont trop petite.Donc, pour toutes ces raisons, les observateurs préoccupés par les questions de sûreté estiment que Fessenheim aurait du etre fermée depuis des années"    (Thierry Gadault & Hugues Demeude, journalistes indépendants).



                             

      Illustration : Dominique Leblanc, 2016

2018 - La France n'aime pas ses artistes : Bruno Richard (by D.L)

15 juil. 2018, Aucun commentaire

                                                      Dessin de Bruno Richard - Peltex n°5

BR – BRUNO RICHARD : une écriture automatique et rapide aux tracés morphologiques, sans proportions ni repentirs. Directement des tripes (je dis des tripes, façon d’écrire, pensez plus bas) au papier, une dense et asphyxiante fumée graphique sans le moindre filtre, et cette absence de filtres force déjà le respect, mais ça ne suffirait pas, il faut qu’il y ait autre chose. Le vieux procédé surréaliste peut produire aussi facilement le très bon que le n’importe quoi, et chez BR, commençons par dire cela pour poser l’atmosphère, tout est bon. Comme chez Picasso, comme chez Schiele, comme chez quelques rares, et il n’y en a pas eu tant que cela au 20ème siècle ni avant. Il n’y a pas cependant que cette brutalité première, cette vitesse probable d’exécution, ce côté sismographique, il y a quand même probablement quelque part un processus d’autocontrôle et il me semble qu’il est très largement a postériori, au moment de l’édition – je veux dire de l’impression. Mais déjà la question : jusqu’où peut-on accepter de laisser connecté via la plume son inconscient à la feuille ? Ca dépend sans doute de la qualité de l’inconscient, encore faut-il qu’il soit à la hauteur, pas juste bêtement dangereux ou pervers. Chez BR, je ne crois pas qu’il y ait des limites, il a tout recherché et osé de ce qui fait la bête chez chacun : les fluides corporels, l’imagerie nazies, les sexes sans glamour à toutes les sauces, les photos d’opérations, mais pas les jolies infirmières bondagées comme chez Slocombe. Sans même la poésie mélancolique des Bazookas, sans une once d’humour, en y réfléchissant bien. Ou alors un humour vraiment très private joke. Plutôt comme dans les vidéos/musiques de Jean-Louis Costes – pour le fond provocateur, Costes c’est ce que je vois de plus proche - mais en artiste de métier, lui, (ce n’est pas un gros mot), qui maîtrise à la perfection son dictionnaire d’invariants plastiques, et c’est là sans doute le truc, une forme impeccable pour un fond insondable.BR est un chaman qui pratique l’auto-exorcisme et qui s’effare lui-même. Ca le rapproche de l’art brut, ça le rapproche aussi de la clinique psychiatrique la plus proche.Mais revenons sur le « à postériori ». Que fait Bruno Richard le matin ? Il se lève comme les poules (les goules ?), à la première lumière, et trace un ou deux dessins à l’encre de chine en se lavant les yeux avec le thé de son petit déjeuner. Ou le contraire. Les dessins vont dans des cartons, 400 ou 500 papiers chaque année, depuis 40 ans, ça fait 20 000 dessins dans 200 cartons au bas mot, sans compter le reste, quelques toiles sans doute, et des milliers de mots, de pages (je ne parlerais pas de textes), qui sont avec, ou à côté, ou à part des graphismes, les complètent et dialoguent avec. Eux aussi en écriture automatique, et cela se voit davantage (il en a d’ailleurs fait deux volumes d’un kilo chacun qui tiennent surtout de l’auto-analyse).Oui mais. Mais après, Bruno Richard est de loin le plus prolifique des graphzineurs français, depuis toujours il est partout, même dans le minuscule, même dans des tirages à trente exemplaires, il n’a jamais rien trié et a enrichi – on parle d’art s’entend - toute cette petite presse parallèle : ZUT Production, Model-Peltex, LPDA, etc, etc. Si l’underground avait un pape…Il serait celui d’une certaine édition, qui n’a pas les tirages pourtant déjà modestes de Beaux-arts – il y a bien longtemps que la France n’est plus le pays de l’art vivant, il y a bien longtemps que la France n’aime plus ses artistes tant qu’ils ne sont pas morts - mais une édition qui vaut quand même bien plus cher sur le marché des collectionneurs. Sous le manteau, c’est le cas de le dire. D’abord avec son compère de Elles Sont De Sortie, puis tout seul, et souvent associé à d’autres, associé en fait avec une étrange humilité et gentillesse à tout ce qui a été publié « d’underground » depuis 1975.Bref, pour éditer – c’est son truc - Bruno Richard trie, organise, retouche les dessins. Forcément. Il y a un premier criblage. Son vecteur favori, c’est la sérigraphie, mais la sérigraphie créative, comme Andy Warhol, avec épreuves uniques, et tirages expérimentaux. On garde les tâches et les bavures, on recherche l’inattendu.La sérigraphie exige un temps lent, et surtout un temps de répétition : faire les calques sur rodoïde, c’est repasser derrière son propre travail, et donc forcément effectuer une sélection, une relecture du premier jet. Il y a de la perte, sans doute, mais des ajouts aussi. La couleur déjà, qui kaléidoscopise les graphismes déjà déchirés. Et BR se révèle un peintre tout aussi brillant que le graphiste.

Bruno Richard, je scrute le travail pratiquement depuis ses débuts. Chose rare chez un artiste, il a constamment progressé, et progresse encore, meilleur maintenant qu’à vingt-cinq ans. Orienté d’abord illustration par l’air du temps (80’s) en école d’art, limite BD (comme les Bazookas dont il fût proche à un moment), il a su s’en extraire, changer de niveau et gagner l’intemporalité de l’histoire de l’art. S’il ne reste pas quelque chose de son œuvre dans 50 ans, c’est qu’il n’y a pas de justice plastique en ce bas-monde (ah bon, on m’informe que c’est le cas).Doté d’une énergie frénétique, une lecture facile pourrait faire dire que BR a sublimé une sexualité débordante dans un art qui l’est tout autant. C’est une vieille histoire, Eros et son copain des sales coups jamais loin, Thanatos, plaisir et douleur ensemble, comme chez Sade et pas mal d’autres.Alors bien sûr, il y a cela, forcément. Mais il, y a aussi en creux la recherche de l’invariant humain, du cerveau reptilien, du corps primitif. BR ne s’intéresse qu’aux gens. Pas un paysage, pas une nature morte dans son œuvre, guère d’autres accessoires que le fouet, les menottes et les petites culottes.

Model-Peltex copyright 30 septembre 2018

            

Peltex n°8 lettre Z comme Zombies (Leblanc, Bernhart, Bruno Richard)

                  
        


Peltex n°8 lettre L comme Leblanc, couverture de Bruno RichardPeltex n°8 lettre Z comme Zombies (Leblanc, Bernhart, Bruno Richard)

Livrets disponibles aux Editions très underground Model-Peltex, cherchez sur Ebay on est pas en librairie.

Model-Peltex & Antoine Bernhart (by D.L.)

2 avril 2018, Aucun commentaire
   Le problème, avec Antoine Bernhart, c'est de savoir où mettre le "h" de son nom. Pour le reste, tout est limpide chez ce génial dessinateur strasbourgeois : son monde est peuplé de squelettes zombies (si, c'est possible !), de créatures explicitement sexuelles et de scatophiles décadents - les mots peuvent être intervertis - tous admirablement esthétiques.
Avant 2000, c'était surtout en noir et blanc, maintenant, c'est surtout en couleur, et c'est plus grand.
Toutes ses turpitudes graphiques ne l'empêchent pas de se dire romantique, et je veux bien le croire.

Mais bref, et puisque ce blog d'urgence se veut simple et sans chichi, voici l'info : 

      Antoine Bernhart a collaboré depuis 35 ans à plusieurs numéros de Peltex : Peltex n°5, "bondage et cruauté", Peltex n°6, "détournement BD", Peltex n°8, lettre B comme Antoine Bernhart, et Peltex n°8, "lettre Z comme Zombie".

La première édition à 150 exemplaires de Peltex n°8, lettre A comme Antoine Bernhart, étant épuisée, il a été décidé d'en éditer une deuxième pour satisfaire les fans, à 20 exemplaires numérotés parce que c'est l'habitude chez Model-Peltex. Tant qu'à être mini cracra, autant valoriser cet aspect minimaliste de nos productions....


Et comme on est pas rat, c'est au prix ridicule de cinq euros port compris. Oui, vous avez bien lu. Vous trouverez l'opuscule sur notre boutique Ebay, comme le reste de nos productions passées et actuelles. Vous pouvez aussi écrire : modelpeltex@laposte.net
Cette deuxième édition est quasi en fac-similé, avec deux couvertures différentes comme pour la première. Et il est à peu près certain qu'il n'y en aura pas de troisième.


                                                   
 Format 15 x 10 cm, cover en rodoïde sérigraphié sur photocop couleur, une vingtaine de pages en noir et blanc. Format 15 x 10 cm, cover en rodoïde sérigraphié sur photocop couleur, une vingtaine de pages en noir et blanc.
                     

Ah oui, ce n'est pas tout. Model-Peltex dispose de quelques originaux du maître, et ils sont éventuellement en vente, vous pouvez demander.

Les oeuvres sont visibles dans la partie galerie de ce blog.

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